Carrefour de civilisations et terre de rencontre, la Tunisie a été de tout temps réputée pour ses tissages. Au Ve siècle av. J.-C., les poètes grecs célébraient déjà « les tapis et coussins brodés de Carthage ». Aux premiers siècles de l'Islam (800-909 ap. J.-C.), l'Émirat Aghlabide de Kairouan payait en tapis une partie du tribut de souveraineté au Calife de Bagdad. À Kairouan, la tradition artisanale du tapis très ancienne a contribué à la renommée de cette ville qui est devenue la capitale du tapis. C'est l'introduction, au siècle dernier, de la technique du point noué, ou nœud de Gördes, qui donna au tapis de Kairouan une nouvelle impulsion. Activité exclusivement féminine, le tissage des tapis se transmettait de mère en fille. Tout le travail est fait à la main, depuis la tonte, le tri, le lavage, le cardage et la filature jusqu'au tissage.
Techniques et coloris :
Les tapis sont toujours fabriqués sur des métiers à tisser verticaux (ou sadday). Deux montants verticaux, fixés au mur par des cordelettes, prennent appui sur le sol. Les fils de chaîne, montés sur deux ensouples* sont séparés en nattes paires et impaires par des roseaux. Ensouples* : rouleaux sur lesquels on enroule les fils de la chaîne. Deux techniques différentes peuvent être employées pour réaliser un tapis : la technique du point noué qui donne un aspect de velours et celle du point tissé ou Merghoum qui se présente comme une étoffe avec un rendu plus sec et plus plat. Les normes de fabrications imposées par l’Office National de l’Artisanat reconnaissent trois catégories de textures en fonction du nombre de points au mètre carré : la normale, la fine et l’extra-fine (voir encadré ci-dessous). En ce qui concerne les coloris, on distingue deux variantes : la Alloucha qui reprend la palette naturelle des couleurs de la laine de mouton : du blanc au noir en passant par le gris-beige et le marron avec des bordures larges constituées de bandes parallèles et la Zarbia riche en couleurs où domine souvent le brun-rouge.
Les motifs :
Le tapis classique à points noués est caractérisé par de larges bordures en bandes parallèles ornées et un motif central basé sur le losange. On distingue des motifs floraux et des motifs géométriques. Parmi ceux-ci, les plus courants sont la croix de Kairouan, la mosaïque de Carthage, les scarabées.
Les différentes textures :
Texture normale : de 10 à 40 0000 points/m2
Texture fine : de 60 à 90 000 points/m2
Texture extra-fine : de 160 à 490.000 points/m2
Voir aussi à Kairouan les célèbres céramiques murales, comme ici à la Mosquée du Barbier.
Françoise PEURIOT et Philippe PLOQUIN
http://phototheque-peuriot-ploquin.com/piwigo/index.php?/category/353